Peut-on créer une startup tout seul ?

image

Peut-on créer une startup tout seul ?

image

Cet article est extrait de “L’accompagnement des startups high-tech en France” écrit par Olivier Ezratty ( membre du Jury, Consultant & Coach Startup, Blogueur sur Opinions Libres ).

————

J’ai souvent l’occasion d’être contacté, de rencontrer ou de croiser dans divers comités de sélection des entrepreneurs “seuls” dans leur projet. C’est-à-dire qu’ils sont seuls à fonder leur entreprise et qu’ils n’ont donc pas d’associés. Ils ont tout au plus des investisseurs plus ou moins investis dans le projet et éventuellement des employés, souvent des stagiaires embauchés à bon compte. En général, je n’y vais pas par quatre chemins : j’indique le plus souvent à ces entrepreneurs que leurs chances de réussite sont plutôt faibles s’ils envisagent de créer une véritable entreprise et de lever des fonds. Et qu’ils feraient bien toutes affaires cessantes de trouver des associés. La réaction la plus classique est : “Mais je ne peux pas les payer”.

Tout d’abord, pourquoi ce préjugé sur les chances de réussite d’un projet qui démarre avec un seul fondateur ? C’est à la fois le résultat de l’observation, d’une certaine logique d’entreprise et aussi lié à des aspects pratiques tous simples.

L’observation : les entreprises high-tech qui ont réussi ont été la plupart du temps créées par une équipe de fondateurs, et pas par une seule personne. Dans la plupart des cas, l’un des fondateurs avait une dimension plus business que celle des autres et il a rapidement pris le leadership du projet (Jobs vs Wozniak, Gates vs Allen, etc).

La logique : pourquoi un entrepreneur seul a plus de mal à réussir ? Parce qu’il (a donné le signe qu’il) a raté le premier acte de vente de son projet qui consistait à convaincre d’autres personnes, amis ou relations professionnelles, à prendre le risque avec lui sur son projet. Cela va le handicaper pour trouver des financements. Cela va le gêner pour attirer des talents complémentaires à son profil (qui est souvent, technique). Avec l’effet d’oeuf et de poule suivant : pour attirer un calibre, comme dans la vente et le marketing, il faut pouvoir le payer, mais pour le payer il faut avoir du financement. Et pour avoir du financement, il vaut mieux avoir une équipe en place. Même si certains investisseurs se font fort de vous proposer un dirigeant “business” s’ils trouvent le projet très intéressant.

La pratique : pour créer une entreprise, il faut mener un nombre incalculable de tâches : techniques, marketing, vente, statutaires, financières, etc. Une personne isolée est vite débordée. Elle peut certes se faire accompagner par des ressources externes, mais pour certaines, il est critique d’en disposer en interne de sa structure. Enfin, créer une entreprise, c’est créer un corps collectif, c’est mener une équipe, c’est aussi développer sa capacité d’écoute, puis de management. Tout cela démarre mieux lorsque l’on commence à plusieurs. Les fondateurs peuvent se soutenir les uns et les autres. On évite aussi le syndrome de l’enfermement dans des convictions personnelles.

Pour n’importe quel investisseur (business angel, capital risqueur, autre), la première qualité d’une startup, c’est son équipe. Bien avant le business plan, le produit et tout le reste. Car tout le succès découlera de la capacité de l’équipe. C’est d’autant plus vrai que de nombreux succès sont le fruit de changements fréquents d’orientation. Voire même de produit.

Pour bien démarrer un projet, il faut donc rassembler dès le début des compétences que l’on trouve rarement sur une seule personne. Avec la technologie d’un côté, éventuellement issue de la recherche, et le business de l’autre. Sans compter la capacité d’exécution et d’organisation. Même la technologie nécessite plusieurs compétences, entre la conception du produit et son industrialisation. C’est vrai dans le matériel, dans le logiciel comme dans les services en ligne.

Je croise souvent des équipes d’anciens élèves des mêmes établissements d’enseignement supérieur (grandes écoles d’ingénieur, de commerce, ou universités). C’est moins séduisant que d’avoir des équipes bigarrées avec des formations et parcours plus diverses. Mais en général, les équipes issues d’une même école ne sont jamais constituées de compétences homogènes. Il y en a toujours un qui est plus technique et un autre plus business. Ce n’est pas idéal, mais c’est toujours cent fois mieux que d’avoir un seul créateur de la startup.

Un entrepreneur en herbe est souvent motivé au départ par une idée. Mais avant même de la creuser très en détail, le mieux qu’il puisse faire est de trouver des compagnons de route.

En fait, il faut trouver des personnes à même de s’engager dans une création de startup. Cela suppose de ne pas être payé ou d’être très peu rémunéré pendant au moins une année.

————

Nous vous invitons vivement à lire ce livre en téléchargement gratuit  “L’accompagnement des startups high-tech en France” écrit par Olivier Ezratty

Restez branché sur la Startup Academy en vous abonnant directement par email

Commentaires ( 6 )

  • avatar

    en lisant cet article, je me sent moins sortie des sentiers battus. Merci beaucoup pour toutes ces informations, et je confirme le contenu.

  • avatar

    Une startup, c’est comme un couple :)
    L’association, c’est génial…quand ça marche. Il y a malheureusement trop d’exemples de mésententes entre associés qui mettent la boite en péril.
    Cordialement.
    Patrick

  • avatar

    Bonjour Olivier et merci pour cet article qui reflète une réalité: il est extrêmement difficile de se lancer dans l’aventure de l’entrepreneuriat seul. Et comme l’indique Patrick, le choix de ses associés est primordial.
    Pour ma part quand je vois un candidat solitaire à la création d’entreprise qui me parle de son projet, je lui conseille de tout d’abord trouver un ou des associés pour l’accompagner. Cette recherche d’associés à pour première vertu de valider que le projet est crédible et attractif mais aussi que le créateur sait communiquer autour de son projet. La deuxième vertu est de faire accepter à un créateur qu’il doit partager quelque part le pouvoir s’il veut que son projet aboutisse. J’ai vu pas mal de boites en péril à cause de ce genre de soucis. Normalement, ce qui prime avant tout pour un porteur de projet, c’est le projet. Si pour faire évoluer le projet/société dans le bon sens, le créateur doit lâcher du lest, s’effacer, céder le pouvoir à quelqu’un de plus compétent: il doit l’accepter. C’est dans l’intérêt du projet mais aussi du portefeuille de son créateur (on ne lui enlèvera pas ses parts dans la société ;)).

    Pour conclure, porteurs de projet solitaire, écoutez les conseils d’Olivier et cherchez à vous accoupler ;) avec un/des associé(s).


    Rodrigue – co-fondateur d’une startup qui monte, qui monte.

  • avatar

    En regardant les participants à la Start-Up Academy nouvelle mouture, je pense que beaucoup de start upers l’ont compris: l’union fait la force !
    Alors que pour la première édition, on avait droit à des projets d’une seule personne ( 2 ou 3 maximum même s’il y a eu des exceptions), dorénavant les projets sont construits par une équipe …
    Le nom « start up » n’est plus vraiment approprié car structures qui sont désormais bien amorcés et qui ont parfois fait des levées des fonds..

  • avatar
    Sébastien Rousset

    Chacun a sa définition de « Startup ». Dans le cadre du programme Startup Academy, une startup est une entité de moins de 3 ans et en phase d’amorçage. Lorsqu’une startup fait une levée de fond de qq dizaines d’euros, elle reste pour nous une startup en phase d’amorçage.

    Ce qui est intéressant c’est que l’on voit qu’au fur et à mesure que les éditions du programme s’enchainent, plus les startups qui candidatent sont structurées, les business plan aboutis. Cela ne signifie pas que les entrepreneurs soient plein de certitudes. Il convient de les encadrer, de les aider à développer leur réseau pro, de leur créer de la visibilité.

    Il faut se réjouir de l’apparition de startups plus structurées.

  • avatar

    @Sébastien: je me réjouis de voir les startups plus structurés … mais justement ces dernières laissent à penser à celles qui ne sont pas autant structurés qu’elles n’ont plus leur place dans ce « concours ».

Poster un commentaire